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Potiche, le dernier film de François Ozon, est une comĂ©die lĂ©gère et enlevĂ©e. Elle dĂ©peint une autre Ă©poque, pourtant pas si lointaine, oĂ¹ des entreprises françaises fabriquaient encore des parapluies… La potiche, c’est Catherine Deneuve, qui incarne Mme Pujol, la femme d’un chef d’entreprise. Une femme comme il faut, dĂ©vouĂ©e, qui sait rester Ă  sa place. C’est la femme du patron, un point c’est tout. Omnipotent, omniscient, ou tout au moins persuadĂ© de l’Ăªtre, son Ă©poux, alias Fabrice Luchini, n’est pas un homme Ă  proprement parler sympathique. Mais peu importe, ce n’est pas son rĂ´le. Il est chef d’entreprise et n’est pas payĂ© pour amuser la galerie.
La vie de cet homme poursuit son cours entre usine, maison, enfants et club Badaboum. Jusqu’Ă  l’Ă©vĂ©nement incroyable, incomprĂ©hensible : la grève. Et lĂ  tout bascule. Incapable de diriger les Ets Pujol-Michonneau pendant quelque temps, M. Pujol doit pour cela s’en remettre Ă  la potiche.
Fille du fondateur de la sociĂ©tĂ©, Mme Pujol va prendre son rĂ´le très au sĂ©rieux et prouver qu’une entreprise peut Ăªtre un lieu oĂ¹ chacun se rend avec plaisir. Mais pour combien de temps ?
En transposant son histoire dans les annĂ©es 1970, une Ă©poque oĂ¹, en dĂ©pit du choc pĂ©trolier, règne le plein-emploi, François Ozon montre Ă  quel point des procĂ©dĂ©s qui nous paraissent aujourd’hui naturels — conflits sociaux, dĂ©veloppement Ă  l’Ă©tranger, projets de compression du personnel et dĂ©localisations — Ă©taient jadis inconnus. Adepte du « Casse-toi pauv’ con » et du « Si vous voulez gagner plus, faudra travailler plus », M. Pujol symbolise l’entreprise d’aujourd’hui. Face Ă  lui, Mme Pujol reprĂ©sente la patronne « maternaliste », qui Ă©coute ses salariĂ©s et nĂ©gocie avec eux. Pas uniquement par empathie ni altruisme, mais pour mieux faire tourner sa boĂ®te. Une gestion d’entreprise d’un autre temps. D’hier ou de demain ?