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Les premiers effets du moratoire gouvernemental sur l’énergie solaire se font déjà sentir, qui se manifestent notamment par l’arrêt de projets ou la mise en péril de jeunes entreprises. Il s’agirait de dégonfler une bulle spéculative et de faire en sorte que ce ne soit pas le consommateur final qui subventionne les énergies nouvelles. Bien sûr. Mais que ce même consommateur ait pendant des dizaines d’années —  et aujourd’hui encore — subventionné le nucléaire ne semble en revanche pas poser de problème. Les éoliennes n’ont pas davantage le vent en poupe, si l’on peut dire, et les grands projets parcs sont gelés ou remis en cause. Bref, utiliser la nature sans lui nuire, en prélevant intelligemment ce qu’elle nous offre — les rayons du soleil ou le souffle du vent — ne semble guère intéresser les pouvoirs publics.
Non, ce qu’il faut, c’est assurer la santé économique et financière de mastodontes comme Total, EDF, Areva ou GDF-Suez, en aucun cas favoriser l’éclosion de nouveaux acteurs, plus nombreux, plus petits et moins puissants. Et puis la production d’énergie doit être violente, coûteuse, polluante. La terre doit souffrir, comme lorsqu’on la déchire en la labourant. L’homme doit obtenir de haute lutte sa récompense, quand bien même il est possible de parvenir au même résultat sans blessure. Il est vrai que pour d’aucuns, la vie doit être une épreuve, le travail une souffrance, les relations humaines des relations d’argent.
L’homme doit-il forcément détruire pour assurer sa survie ? Pour certains, hors de question de passer sur terre sans laisser de trace, comme il est pour quelques gamins impossible de visiter un monument sans écrire leur nom sur le mur d’un escalier. Non, les énergies solaire et éolienne ne sont pas de bonnes solutions. Il y a beaucoup mieux : le nucléaire bien sûr, mais aussi les gaz schisteux. Sans bruit, les autorités accordent des permis de recherche à nombre d’entreprises, sans se soucier cette fois de ce que cela pourrait éventuellement coûter aux Français. Pas seulement en termes financiers — mais eux seuls sont pris en compte —, mais aussi de santé, de tranquillité, d’environnement, de beauté des paysages. Mais sans doute une éolienne est-elle plus disgracieuse qu’un puits de forage. Dans ce cas, qu’on se rassure, ils vont se multiplier. Les témoignages abondent pourtant sur les dangers de l’exploitation des gaz non conventionnels. Un film, Gasland, a même a été tourné pour les dénoncer*. A-t-il permis de changer la donne, de pousser le gouvernement américain à interrompre la recherche de ce nouvel « or noir » ? Pas une seconde. Il a en revanche valu à son auteur d’être désormais fiché comme un terroriste. En France, le Larzac devrait d’ici peu être transformé en gruyère. Le fief de José Bové participera alors fièrement à l’indépendance énergétique de la France, pour que l’on puisse enfin consommer sans compter. Habitué des prétoires et des prisons pour cause d’arrachage de plants d’OGM, Bové doit se tenir à carreau… Sous peine de voir rétablir pour lui et ses acolytes la peine de mort ou, à défaut, de redonner vie au bagne de Cayenne. Car en ce monde d’abondance et de bonheur mondialisé, rien n’est plus répréhensible que d’empêcher les puissants de l’être davantage.

* A la fin de la bande d’annonce (en anglais), on découvre la surprise que peut parfois nous réserver un simple robinet d’eau…

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