La Maison Sajou, grande spécialiste des ouvrages pour dame, est disparue en 1954. Pour une fois, mondialisation et délocalisation n’y étaient pas pour grand-chose. Le changement d’époque simplement, avec de nouveaux loisirs, la machine à coudre, le prêt-à-porter, etc.
Un demi-siècle plus tard, une passionnée, Frédérique Crestin-Billet, auteure de plusieurs ouvrages sur la broderie et grande collectionneuse d’articles de mercerie, dépose à nouveau le nom et relance la marque. Quelques années plus tard, Sajou ne fait plus seulement partie du patrimoine français ; l’entreprise est tout ce qu’il y a de plus vivante et, comme souvent pour les productions authentiquement made in France, quantité de ses articles partent pour le Japon.

Sarah, Julia et le Fil Au Chinois
Désuets, les travaux d’aiguille ? Nombre de femmes n’ont pas attendu que Julia Roberts et Sarah Jessica Parker se mettent au crochet et au tricot pour apprécier le plaisir de la couture et autres loisirs créatifs… Outre la volonté de redonner vie à cette tradition et à ce passe-temps, Frédérique Crestin-Billet souhaitait également faire travailler des ateliers locaux. Aujourd’hui, Sajou fait fabriquer nombre de ses produits dans l’Hexagone — lorsque c’est le cas, c’est clairement précisé — et commercialise une très large gamme de produits : magnifiques petits ciseaux de couture, aiguilles de toutes sortes, dés à coudre, toiles à broder, boîtes à couture, cartes à fil et, bien entendu, fil en tout genre, pour coudre, pour broder ou pour la dentelle. Parmi ces inombrables bobines, on remarque celles qui sont ornées de l’étiquette Fil Au Chinois, un autre nom ressorti des oubliettes. Des entrepreneurs lillois, les frères Toulemonde, ont en effet récemment repris l’entreprise Fil Au Chinois — ainsi que la laine Saint-Pierre —, vieille de deux siècles, et ont relancé son site de production. Grâce à leur volonté, à leur attachement pour le patrimoine industriel de leur région, de vénérables machines rythment à nouveau le quotidien des employés de Fil Au Chinois. Un nom tout droit venu d’une autre époque, où l’évocation de la Chine était exotique, où les produtions venues de ce lointain pays étaient rares et précieuses.