La France recèle encore de petits bijoux, parfois technologiques, inconnus du plus grand nombre. Souvent en effet leur production ne s’adresse pas à un large public, mais à des professionnels ou à des amateurs-esthètes fortunés, à même de casser leur tirelire pour se faire un gros, très gros plaisir. L’acoustique et la haute fidélité fournissent nombre de ces pépites, qui excellent encore à fabriquer des enceintes de très grande qualité, parfois aussi — mais moins souvent — de l’électronique. L’image est en revanche un secteur sinistré. Même Thomson — désormais baptisée Technicolor —, qui fabriquait hier encore des téléviseurs et des caméras pour la télévision, n’est plus qu’une entreprise de services, qui ne produit plus rien. Heureusement, il reste Aaton…
Depuis ses débuts, dans les années 1970, Aaton n’a pas quitté Grenoble. C’est dans cette ville que Jean-Pierre Beauvialla a créé sa première caméra. Après passage chez Eclair, il fonde sa propre entreprise. Près de quarante années plus tard, et après nombre de péripéties, dont un dépôt de bilan, Aaton s’est développée et étendue, au point de coloniser petit à petit de ses façades bleu clair les deux côtés de la rue de la Paix grenobloise. Là, derrière les vitrines, les caméras — dont la A-Minima, la Super 16 la plus petite au monde — et les enregistreurs audio sont assemblés, à la main, sous le regard étonné des passants.

Dans la cour des beaucoup plus grands
Aujourd’hui, plus de soixante-dix personnes entourent le fondateur pour imaginer, concevoir, peaufiner et commercialiser des appareils utilisés sur les plateaux de tournage du monde entier. Réalisateurs de fictions ou de documentaires et chefs opérateurs de tous les continents reconnaissent la qualité des productions Aaton.
Associées aux optiques Angénieux (Thalès), conçus et fabriqués à côté de Saint-Etienne, les caméras Aaton ont notamment été utilisées pour tourner des films comme Un Prophète, de Jacques Audiard, Les Herbes folles, d’Alain Resnais, ou Taking Woodstock, d’Ang Lee. Et ils sont encore plus nombreux à confier leur prise de son au Cantar.
Ce matériel 100 % made in France rivalise avec celui d’entreprises incomparablement plus grandes telles que l’Allemande Arriflex, l’Américaine Panavision ou la Japonaise Sony.
Pas mal pour une petite PME, blottie depuis toujours au pied des Alpes françaises.

Mise à,jour 2013 : en difficultés financières, Aaton a été reprise par le Français Transvideo

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