Si l’on en croit l’enquête menée par Universum, société suédoise spécialisée dans la « marque employeur »,
le rêve américain a toujours de beaux restes. Interrogés quant à leurs entreprises préférés, les étudiants allemands, brésiliens, britanniques, canadiens, chinois, espagnols, états-uniens, français, indiens, italiens, japonais et russes ont globalement plébiscité les multinationales US. C’est particulièrement vrai pour ceux des « Business School », qui les placent aux dix premières places de leur classement. Ça l’est un peu moins pour les élèves ingénieurs, qui font une petite place aux groupes allemands (BMW 5e, Siemens 8e) et japonais (Sony 4e).

L’Oréal et le désert français
Côté français, on s’aperçoit que les champions nationaux le sont surtout à l’intérieur de nos frontières : L’Oréal mis
à part, c’est le désert. Le fabricant de cosmétiques est tout de même la première entreprise non américaine — 11e — citée par les étudiants en écoles de commerce. C’est également la 1re entreprise française choisie par les ingénieurs (29e).
Même constat au seul niveau européen : L’Oréal arrive au 4e rang pour les « commerciaux », là aussi devancée
par trois sociétés américaines. Le deuxième français, LVMH, est classé 11e. Les élèves ingénieurs européens ne semblent en revanche guère intéressés par les groupes français : le premiers d’entre eux, Veolia, apparaît seulement
au 31e rang, le deuxième, Alstom, au 34e. Précisons cependant que le franco-allemand EADS monte sur la troisième marche du podium.

Les Suédois aiment Seb
Une petite originalité : les élèves suédois en écoles d’ingénieur classe le groupe SEB au 35e rang de leurs entreprises préférées ; pour ceux d’écoles de commerce, le numéro 1 mondial du petit électroménager est même classé à la
8e place. En France, Seb n’apparaît même pas parmi les 100 entreprises mentionnées par les étudiants, quelle que soit leur formation ! Les ingénieurs français de demain préfèrent s’orienter vers l’aviation et l’armement (EADS, Thalès, Dassault), l’énergie (EDF, Areva, Total), ou les nouvelles technologies (Google et d’Apple). Les commerciaux
placent quant à eux cinq banques — BNP Paribas, HSBC, Goldman Sachs, JP Morgan, Société générale — parmi
leurs 17 entreprises préférées.

Et la Fonction publique ?
Aucun en revanche n’envisage de rejoindre la Fonction publique — CNRS mis à part pour les scientifiques.
La présentation péjorative du secteur public — poids financier, non compétitivité des fonctionnaires,
dette, etc. — dans l’Hexagone et les coupes claires dans ses effectifs n’y sont certainement pas étrangers.
Seule l’armée est présentée sous des atours attrayants — formation, aventure, solidarité, altruisme, etc —, comme l’atteste sa récente compagne de recrutement. Finalement les décideurs de demain comptent sur d’autres pour s’occuper de leur santé, de l’éducation de leurs enfants, de leur environnement, etc.
Les Canadiens semblent penser tout autrement : ils sont ainsi une majorité à souhaiter travailler pour le gouvernement, fédéral ou provincial, voire même pour la Sécurité sociale locale ! Et cela qu’ils soient scientifiques ou commerciaux…
Selon le nouvel indicateur « Mieux Vivre » — censé remplacer le traditionnel PIB — mis au point par l’OCDE,
78 % des Canadiens sont satisfaits de leur vie. Ils ne sont que 51 % en France.
Ceci explique peut-être cela. Ou cela, ceci…