La raison officielle de la mise en place de l’Hadopi (la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet) est de mettre un terme au téléchargement illégal d’œuvres cinématographiques, musicales, etc. Il s’agit ni plus ni moins que de garantir la survie de la création artistique puisque, privés de revenus — les pirates pouvant s’emparer gratuitement du fruit de leur labeur —, les « créateurs » risqueraient de disparaître les uns après les autres. Soit.
Alors pourquoi donc l’Hadopi a-t-elle choisi de faire réaliser ses trois clips en Slovénie, quand l’occasion lui était donnée de fournir du travail aux créateurs hexagonaux ? Censés sensibiliser les consommateurs, ces petits films ne font finalement que fournir des arguments à celles et ceux qui pensent que l’interdiction du « piratage » n’a pas grand-chose à voir avec la défense des artistes, mais beaucoup avec la préservation des intérêts économiques de quelques grandes entreprises.
Selon l’Hadopi, le tournage se serait déroulé en Slovénie parce que le réalisateur sélectionné s’y trouvait déjà — c’est incroyable le nombre d’atouts techniques, artistiques, esthétiques ou humains que semblent posséder les pays de l’Est — et qu’il ne souhaitait pas faire d’allers-retours entre ce pays et la France.
Ça fait chaud au cœur de voir un donneur d’ordres se plier ainsi aux désirs et exigences d’un fournisseur. Quand bien même faut-il pour cela participer à la délocalisation des activités qu’il s’est donné pour mission de préserver.