© Tag Heuer et Dior

Une paire de jeans à 500 euros (Hermès), des lunettes à 1 000 ou à 2 000 euros (Cartier), un téléphone mobile à 4 000 euros (Tag Heuer), un autre à plusieurs dizaines de milliers d’euros (Dior)…
Plus que jamais, la fabrication hexagonale se concentre sur le luxe, même s’il est encore possible de dénicher — en cherchant bien — des blue jeans ou des lunettes made in France vendus à des prix beaucoup plus raisonnables. Cela n’est en revanche plus le cas pour les téléphones mobiles depuis qu’Alcatel — aujourd’hui chinois — et Sagem ont jeté l’éponge. Dans ce secteur d’activité, il ne reste plus que ModeLabs…
Cette petite entreprise, spécialisée notamment dans le co-branding, développe en effet une activité de « fabricant » pour des marques de luxe. Et ce secteur semble voué à un bel avenir, les clients fortunés cherchant en général à se démarquer du vulgum pecus. L’idée est de proposer aux happy few des téléphones exclusifs, créés et fabriqués pour les plus grandes marques. Le Britannique Vertu, précurseur en termes de mobiles de luxe, propose depuis une dizaine d’années des téléphones d’exception conçus à partir de composants Nokia. Mais ils sont pour l’essentiel commercialisés sous sa marque. Le Français ModeLabs, qui travaille avec LG, s’efface quant à lui devant ses prestigieux clients : les trois premiers modèles de son catalogue portent ainsi comme signatures Tag Heuer, Dior et Versace. Tous sont assemblés en Alsace, par Sony France, y compris le plus exclusif d’entre eux, le Dior Phone Rêverie qui, habillé d’or blanc et de diamants, est commercialisé plus de 80 000 euros.
Il est certes vain de vouloir concurrencer les marchandises venues de pays à bas coûts, mais peut-être y a-t-il un intermédiaire entre les premiers prix et ceux, stratosphériques, des produits de luxe. Tag Heuer a ainsi récemment élaboré une collection de lunettes de soleil et de vue — beaucoup plus abordables que les modèles en or et pierres de Cartier — fabriquées elles aussi en France, mais dans le Jura, par l’entreprise Logo.
Il semble en tout cas que pour la direction de LVMH — propriétaire notamment de Tag Heuer et de Dior —, le made in France ait encore de la valeur, au moins pour les plus aisés. Le plus étonnant est qu’elle considère que cela soit aussi vrai pour la téléphonie mobile, qui ne fait pourtant pas partie des domaines d’excellence de l’Hexagone.

Sur le même thème, ou presque…
Le haut de gamme et le luxe pour survivre ?
Agnelle fabrique toujours en France, mais pour d’autres…