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Imaginons un instant ce que serait notre vie quotidienne si les prix de l’immobilier s’étaient contentés de suivre l’inflation. Nos revenus nous paraîtraient plus élevés, l’argent disponible pour se chauffer, se soigner, se déplacer, se divertir, se cultiver et consommer — des produits fabriqués en France, par exemple ? —, plus abondant.
Le journal La Tribune a calculé, à partir de données chiffrées de 1998 augmentées de la seule inflation, ce que les prix de l’immobilier devraient être aujourd’hui. Le prix du mètre carré aurait ainsi dû passer tranquillement de 932 à 1 151 euros à Bordeaux, de 892 à 1 102 à Toulouse ou encore de 2 260 à 2 792 à Paris.
Chacun sait malheureusement que ce n’est pas tout à fait ce qui s’est produit : à l’inflation des treize dernières années s’est ajoutée une hausse de 142 % à Bordeaux, de 139 % à Toulouse et de 127% à Marseille, par exemple. Dans le capitale, ce « petit » surplus a même atteint 194 %. Dans d’autres grandes villes comme Rennes (+ 72 %), Angers (+ 67 %) ou Strasbourg (+ 65 %), les augmentations ont plus raisonnables, même si, inflation comprise, les prix ont, malgré tout, plus que doublé. Seul Le Mans a su raison garder en se contentant de multiplier par deux le rythme de l’inflation, soit au total un augmentation de « seulement » 61 %.
Poussons un peu plus loin encore notre voyage dans le temps : le salaire médian* net mensuel en 1981 était de 1 341 (16 100 par an), en euros courants. En cette même année, le prix moyen du mètre carré à Paris s’élevait à 1 007 euros. Un Français médian pouvait donc s’en offrir environ 1,3 avec un mois de salaire. Question : sachant que trente années plus tard, en janvier 2011, ce même ridicule petit carré d’un mètre sur un mètre coûte 8 197 euros, quel devrait être, à pouvoir d’achat constant, le salaire médian pour que 50 % des habitants de notre petit Hexagone puissent avoir le privilège d’en devenir propriétaire ? Environ 11 000 euros. Par mois !

* Salaire tel que la moitié des salariés de la population considérée gagne moins et l’autre moitié gagne plus. Il se différencie du salaire moyen qui est la moyenne de l’ensemble des salaires de la population considérée (Insee).