Mise à jour 2013 : la manufacture à malheureusement fermé ses portes

Plus de deux siècles séparent le tout premier piano créé par Ignace Pleyel, en 1807, et le Lirico,
le dernier-né de la Manufacture des Pianos Pleyel.
C’est à Hubert Martigny, cofondateur de Altran Technologies
et actuel dirigeant de l’entreprise, que l’on doit la renaissance de ce grand nom du patrimoine culturel et industriel français. C’est lui en effet qui a su renouer, un à un, les fils qui avaient, jadis, permis de tisser la grande histoire de Pleyel. Le premier « nœud » fait par Hubert Martigny est le rachat de la salle Pleyel. Créée en 1927 par Gustave Lyon, qui préside alors aux destinées du fabricant de pianos, la salle est une manière de consécration de l’œuvre entamée un siècle plus tôt par Camille Pleyel, le fils du fondateur. C’est en effet Camille Pleyel qui inventa le concept des salons Pleyel, où se produisirent Chopin, Liszt, Debussy, Ravel, Saint-Saëns ou Stravinsky. Lors de son rachat, en 1998, la salle Pleyel a de justesse échappé à la destruction. Son ancien propriétaire, le Crédit Lyonnais, en grande difficulté financière, souhaitait en effet rentabiliser les précieux mètres carrés en construisant un immeuble sur son emplacement… Totalement rénovée — et revendue depuis à l’Etat —, résidence permanente de l’Orchestre de Paris
et l’Orchestre philharmonique de Radio France, la salle Pleyel accueille également depuis 2007 le showroom Pleyel, où sont exposés tous les modèles de la marque. Entre-temps en effet, Hubert de Martigny a acheté les marques Pleyel, Gaveau et Errard, puis le site de fabrication des pianos Rameau, à Alès.

C’est là en effet que les Pleyel étaient fabriqués depuis le rapatriement de leur production dans l’Hexagone, en 1996 : entre cette date et la fermeture de La Manufacture de Pianos Pleyel de Saint-Denis en 1965 — inaugurée un siècle plus tôt —, les pianos Pleyel étaient allemands… C’est cette même année 2007 que la boucle est finalement bouclée : la nouvelle Manufacture des Pianos Pleyel entre en activité, à Saint-Denis, berceau historique de l’entreprise.
Pleyel se consacre exclusivement aujourd’hui à la haute facture instrumentale. Seules des pièces d’exception sortent désormais de la Manufacture : pianos de concert, pianos d’artistes et de designers, commandes spéciales…
Parmi ces instruments uniques, l’Erato Humana Est de l’artiste italien Marco Del Re, le Spacemeeting du Japonais
Aki Kuroda, le Voie Lactée d’Andrée Putman, le Parallèle de Hilton McConnico et, tout récemment, le Lirico
de Michele de Lucchi. Le Lirico symbolise à lui seul l’histoire de Pleyel : celle d’une entreprise dont les racines plongent profondément dans notre patrimoine, mais qui est aussi de plain pied dans notre époque. Moins « moderne » que le Parallèle (chocolat et turquoise, pieds transparents en altuglas, chrome, etc.), le Lirico n’en est pas moins le mariage des métiers d’art des maîtres artisans de Pleyel et du design contemporain.

C’est un magnifique piano, noir, long, brillant, presque classique, que Michele de Lucchi a décoré de courbes blondes. Les pieds, le porte-partitions, la « fourche » qui soutient le couvercle et la lyre sont sculptés dans du bois de hêtre massif. La fabrication d’un seul exemplaire du Lirico nécessite neuf mois de travail… Ce soin particulier apporté par Pleyel à l’esthétique de ses pianos ne signifie pas, bien évidemment, que leur âme, leur qualité sonore soit en retrait : ce sont avant tout des instruments de musique hors pair. Mais avec Pleyel, le piano devient une œuvre, mécanique et esthétique, qui se met au service d’une autre, musicale. En ce sens, c’est aussi un élément de décoration exceptionnel. Pleyel entend d’ailleurs explorer plus avant cette voie en fabriquant et en commercialisant sa propre ligne de meubles. Pour commencer, la Manufacture de Pianos Pleyel édite un canapé et un fauteuil, tous deux dessinés par Hilton McConnico. De quoi se composer un luxueux salon de musique. A condition de disposer de l’espace pour l’accueillir, et des fonds pour le financer…

Crédits et légendes photo
Photo 1 : piano Pleyel Voie lactée, dessiné par Andrée Putman (© Pianos Pleyel/M. Abel).
Photo 2 : la Manufacture des pianos Pleyel, à Saint-Denis (© Pianos Pleyel/I. Simon/G. Sorel).
Photo 3 : le piano vu par M. De Lucchi, A. Putman, A. Kuroda et M. Del Re (© G. Sorel/M. Abel/Pianos Pleyel).
Photo 4 : canapé, fauteuil et piano dessinés par H. Mc Connico (© Pianos Pleyel/J. Bouillon/T. Deron).
Photo de fond (© G. Sorel).

Mise à jour 2013 : la Manufacture des pianos Pleyel a été revendue. Aucune information sur le nouveau propriétaire.