Quelle est aujourd’hui la valeur des choses ? Ou plutôt, comment calcule-t-on celle des produits que l’homme fabrique ? Comment le design, la conception, les matières premières, la main-d’œuvre, le transport, les charges et autres taxes, le marketing et la publicité, le prestige d’un nom et bien sûr la marge, comment donc tous ces « ingrédients » sont-ils pris en compte dans le calcul d’un prix ?
Prenons par exemple deux paires de chaussures, type « Clarks » : l’une est l’œuvre d’une griffe parisienne « à la mode », à la fois marque de prêt-à-porter et label musical, l’autre celle d’un petit fabricant normand peu connu, filiale d’un spécialiste de la chaussure de sécurité.
La première est commercialisée par Kitsuné*. Dessinée par Pierre Hardy**, elle est élégante mais basique — elle n’est pas doublée —, produite dans des matériaux traditionnels (cuir d’agneau, semelle de crêpe, tannage chimique, etc.). Sa fabrication est confiée à un sous-traitant portugais.
La deuxième est designée en interne, chez Empreinte Shoes (qui ne dispose pas dans ses rangs de célèbre signature à faire valoir). Sa coupe est ronde, classique pour ce genre de chaussures. Elle est taillée dans du cuir de vache limousine, cela pour la tige comme pour la doublure. Le tannage, végétal, est réalisé sans produit chimique. Quant aux matériaux utilisés pour les semelles — intérieure et extérieure —, ils sont en grande partie recyclés. Enfin, la fabrication se fait en France, en Normandie.
Une fois tout cela présenté, qu’obtient-on comme tarifs ? 340 euros pour le modèle Kitsuné, 127 pour celui d’Empreinte Shoes.
Voilà qui laisse perplexe, d’autant qu’à l’usage — six mois —, les Empreintes sont parfaitement confortables, résistantes et toujours aussi jolies. Comment justifier qu’une paire quasi identique — mais sans tannage végétal ni made in France — coûte plus de deux fois et demi plus cher ? Mystère.
* Kitsuné propose des vêtements haut de gamme pour femme et homme, fabriqués pour l’essentiel en Italie, au Portugal, mais aussi en France.
** Styliste français, passé notamment chez Dior, Hermès et Balenciaga.
sauf que Kitsuné n’est pas une marque fashion produisant n’importe où. Au contraire, l’un de ses arguments est la fabrication européenne. Le problème, c’est qu’elle fait payer ce « + éthique » à prix fort.
Mais je préfère voir un produit Kitsuné cher qu’un article presque aussi cher de chez « P–O RL », « D&G » ou « A—-I » produits dans des conditions désastreuses
Je me suis fait la même réflexion entre un Jean « Projet M » made in France et un Jean Diesel produit dans des conditions douteuses de santé (sablage).
Le tarif est proportionnel a la réputation de la marque mais inversement proportionnel a son éthique.
Disons plutôt que les marques fashion ne semble pas avoir besoin d’une éthique particulière pour vendre leur produit.
Les gens sont plus fier d’avoir un Jean de marque acheté très cher, même si l’ouvrier turc qu’il la produit a attrapé la silicose et ne peut se soigner, que d’acheter un Jean fabriqué en France respectant les normes environnementales, les normes de sécurité et le droits du travail.
comparaison intéressante mais un peu rude pour Kitsuné qui n’est pas nécessairement la marque qui donne envie de tirer à boulets rouges…
les Desert boot de Clarks sont au même prix que les Empreintes, sont faites au Vietnam, ont une semelle qui s’est amenuisée au fil des versions et je doute que le tannage soit un modèle de développement durable.
ceci dit, effectivement, Kitsuné, comme Frenchtrotters, même s’ils jouent la carte du « made in EU » ou « Made in France », ont tendance à afficher des prix « dissuasifs ». ça laisse penser que le made in France est réservé à quelques privilégiés (ou, a contrario, à des achats très murement réfléchis)
On peut en sourire, mais effectivement, Kitsuné a peut-être plus de charges de marketing et de publicité qu’Empreinte
cordialement