Thomson Licensing  à la 46e, Alcatel à la 50e : ce n’est pas parce qu’elles se sont débarrassé de la totalité de leur production que les entreprises françaises ont pour autant massivement investi dans l’avenir. Ou si elles l’ont fait, c’est de toute évidence avec de bien moins bons résultats que leurs concurrentes.
 Tout était pourtant écrit, prévu : la mondialisation et la séparation intelligente du travail allait permettre au Nord de conserver — voire d’accroître — son avance, et au Sud de sortir du sous-développement. Au Nord la recherche, l’innovation, le design…, au Sud les tâches « ingrates » de production, grandes consommatrices de main-d’œuvre. Pour ce qui est de la délocalisation des usines vers les pays à bas coûts, le succès est total : il n’en reste plus ou presque dans nombre de pays occidentaux. En revanche, pour ce qui est du « volet matière grise »,  c’est beaucoup moins clair…
Il suffit pour s’en convaincre d’étudier le classement des dépôts de demandes de brevets dans le monde en 2011. Si les Etats-Unis sont toujours leaders en la matière, le nombre estimé de brevets qu’ils ont déposés en 2011 est inférieur de plus de 10 % à ce qu’il était en 2007. Dans le même temps, celui des brevets chinois a fait un bond de 300 %. Moins forte, la tendance est similaire en Inde, en Russie ou au Brésil. Il est certes plus facile de progresser beaucoup quand on part de très bas, mais cette explication est partielle. En effet, deux des trois entreprises qui ont déposé le plus de brevets en 2011 sont chinoises : ZTE à la première place, Huawei à la troisième.
C’est donc la Chine, qui devait se contenter de fabriquer nos t-shirts, nos jeans, nos jouets, puis nos ordinateurs, nos téléviseurs et nos mobiles, c’est la Chine qui imagine désormais les technologies de l’information et des télécommunications de demain. Le Japon reste un modèle, qui place Panasonic au 2e rang du classement et plus de 30 entreprises parmi les 100 principales « déposantes ». Moins représentées, les sociétés allemandes et sud-coréennes sont également très innovantes.
Finalement, et malgré la piètre performance de ses « champions », l’Hexagone se maintient au 6e rang des pays qui ont déposé le plus de demandes en 2011, derrière la Corée du Sud, la Chine, l’Allemagne, le Japon et les USA. Le nombre de brevets d’entreprises françaises augmente même davantage que celui des allemandes par rapport à 2010, même s’il reste plus de deux fois inférieur. Et au total, si l’on cumule le nombre de brevets déposés par les huit pays membres de l’UE qui figurent parmi les quinze principaux déposants, les Européens font jeu égal avec les USA à la première place du classement.