Le classement 2012 des meilleurs MBA mondiaux publié par le Financial Times est sans appel : les Business Schools à la française ne sont pas à la hauteur. En effet, sur les 10 meilleurs MBA mondiaux, 5 sont américains, 2 espagnols, 1 britannique et 1 chinois. Une consolation cependant : la formation franco-singapourienne de l’Insead se classe 6e. Au total, la seule école de commerce française figure dans le Top 50 est HEC, à la 18e place. Elle est bien esseulée face aux 25 rivales américaines, aux 8 britanniques, aux 4 chinoises, aux 3 espagnoles, etc.
Comment espérer faire de la France un pays compétitif alors qu’elle ne sait pas former des managers de qualité, à l’heure de la mondialisation ?
Pourtant, une anomalie apparaît rapidement lorsque l’on scrute le classement en question : aucun établissement allemand n’y est mentionné. Pis, les MBA made in Deutschland n’apparaissent même pas dans la liste des 100 meilleures formations !
Selon le Financial Times, les Allemands, que l’on cite chaque jour en exemple, qui exportent dans le monde entier des produits de grande qualité, ces mêmes Allemands ne disposeraient donc pas de Business Schools compétitives dans leur pays. Une même carence est repérable dans les autres pays européens qui se portent le mieux — exception des Pays-bas, qui classe la Rotterdam School of Management à la 30 e place —, eux aussi absents de ce palmarès.
Sans doute les hommes d’affaires allemands, finlandais, hollandais ou autrichiens ont-ils été formés aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne. Ou peut-être ont-ils suivi l’enseignement des trois établissements d’excellence que l’Espagne place aux 8e, 9e et 33e rangs de ce prestigieux classement mondial ? En revanche, si l’on en juge par l’état de santé de l’économie espagnole, les managers ibères ont dû, quant à eux, faire le chemin inverse pour décocher les piètres diplômes délivrés par d’obscurs établissements d’outre-Rhin, suivant en cela l’exemple des tomates de leur pays, vendues sur les étals des supermarchés du Nord.
L’autre interprétation possible est au contraire que chaque pays conserve jalousement ses étudiants et que, par voie de conséquence, plus les Business Schools sont prestigieuses et plébiscitées par la presse spécialisée, plus l’économie de leur pays d’origine est souffreteuse ! Ce que confirmerait la simple comparaison des situations économiques aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en Espagne d’un côté, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Finlande ou encore au Danemark de l’autre. Une exception cependant : la Grèce fait aussi mal que l’Allemagne en termes de MBA, malgré sa débâcle économique. Mais de mauvaises langues prétendent que les maîtres de Goldman Sachs, très probablement titulaires des meilleurs MBA, ne sont pas totalement étrangers au malheur des Grecs.
Finalement, la médiocre performance des établissements français est peut-être une bonne nouvelle pour l’Hexagone.