Eolien terrestre, éolien offshore, solaire, biomasse, etc., les énergies renouvelables offrent un large choix de possibilités pour épauler puis remplacer, à terme, les énergies fossiles et le nucléaire.
A ce jour, la France semble surtout miser sur l’éolien offshore. C’est en tout cas ce que tend à prouver le premier appel d’offres mené par l’Etat en 2011, qui a fait la part très belle EDF et à ses partenaires. Il est question de faire de l’Hexagone un des leaders mondiaux de la spécialité et, pour y parvenir, de mettre sur pied une filière industrielle d’excellence. L’éolien offshore nécessitant des investissements considérables, seuls les plus grands groupes sont concernés. Il s’agit donc de reproduire le schéma habituel : équipements et infrastructures lourds et couteux, un ou deux gros acteurs industriels, centralisation, etc. La France reste fidèle à ses habitudes et à son très cher big is beautiful. Au risque de mettre une nouvelle fois tous ses œufs dans un même panier…

Forte croissance jusqu’en 2010
Une autre option serait de couvrir l’Hexagone d’une multitude de petits producteurs d’énergie, grâce à la biomasse et au soleil notamment. Alors que la filière solaire a perdu la moitié de ses emplois depuis 2010, ses responsables ont récemment eu l’occasion d’interpeller le nouvel exécutif lors des journées européennes du solaire, qui se sont déroulées à Marseille en mai dernier. Que compte faire le gouvernement en effet ? Jusqu’en 2010 et en quelques années seulement, le solaire a connu un développement rapide, dépassant même les objectifs fixés par les autorités. De grands acteurs ne s’y sont d’ailleurs pas trompés en rachetant par exemple des PME spécialisées (installation de panneaux solaires par exemple). il est vrai que les avantages procurés à ceux qui choisissent le soleil sont — étaient — alléchants.

Une fois équipés en panneaux photovoltaïques ou en chauffage solaire, ils peuvent en effet soit consommer l’électricité qu’ils produisent et revendre le surplus, soit revendre la totalité de leur production. Et comme les tarifs à la vente sont — étaient — supérieurs à ceux de l’achat, les consommateurs-producteurs peuvent dégager un revenu complémentaire. Tout cela sans émettre le moindre gaz à effet de serre.
Le moratoire sur les aides publiques — le prix de rachat par EDF a été significativement diminué — à l’énergie solaire imposé par le gouvernement en 2010 a été justifié par la nécessité d’enrayer la spéculation grandissante. Il s’agissait également du lutter contre le déficit commercial, puisque les équipements solaires sont pour l’essentiel importés de Chine. Soit…

Filière ou pas filière ?
Mais est-il plus difficile de créer une filière industrielle solaire que de le faire pour l’éolien offshore, pour lequel tout est à construire ? De grandes entreprises comme Air Liquide, Akerma, Saft, Schneider, Soitec, Saint-Gobain, etc. — auxquelles il convient d’ajouter des centaines de PME et des laboratoires de recherche — ne peuvent-elles pas être mobilisées pour produire des panneaux solaires made in France ? En outre, les technologies s’améliorant sans cesse, les rendements des panneaux solaires augmentant, il est probable que les aides accordées par l’Etat diminuent, voire disparaissent à terme. En fait, la vraie question n’est-elle pas plutôt de savoir si EDF et l’Etat ont envie de voir les producteurs d’électricité se multiplier, quand bien même ces concurrents seraient-ils de simples particuliers — un risque qui n’existe pas avec l’éolien offshore ? D’autant que la priorité d’EDF ne semble pas être de subventionner l’électricité produite par d’autres, mais au contraire d’augmenter ses propres tarifs pour financer l’entretien d’un parc nucléaire de plus en plus coûteux.