L’Etat ne doit pas dicter sa conduite à une entreprise ! Toujours la même antienne, répétée à l’envi par certains chefs d’entreprise et par tous ceux pour qui « l’Etat, c’est le mal ». Cette tirade traditionnelle est particulièrement en vogue en ce moment, alors que PSA s’apprête a supprimer 8 000 emplois. Un Etat qui est pourtant dans son rôle lorsqu’il demande des comptes, des explications à une entreprise qui, après avoir bénéficié d’aides directes ou indirectes de sa part — notamment par le biais de la prime à la casse —, entend demain faire assumer par la collectivité les conséquences de ses fermetures d’usines et licenciements. Mais peu importe, car pour avoir le droit de s’exprimer, un ministre doit avoir appris à « vraiment travailler », dans le privé s’entend. Et ce malgré les déroutes à répétition de grandes entreprises privées, l’impéritie de certains grands patrons, dont le principal mérite est finalement de ne pas « glander » dans la fonction publique. Le privé c’est bien géré, le public c’est la gabegie assurée, il n’y a pas lieu de discuter.

Pression américaine
PSA, donc. Aux dernières nouvelles, cette vénérable entreprise familiale va prochainement procéder à un grand ménage qui va lui permettre de couper quelques branches mortes, de s’alléger de nombre poids morts… Cela bien sûr pour repartir ensuite, plus belle, plus forte. Et pas besoin des bons conseils de l’Etat français pour se remettre sur les rails. Pour y parvenir, le constructeur a en revanche dû avoir recours aux subsides de l’Américain General Motors, qui est entré à hauteur de 7% dans son capital. Originaire de l’Eldorado du libéralisme, de la libre-entreprise, du privé tout puissant et du secteur public réduit au minimum, GM n’en a pas moins dû être nationalisé en 2009, cela pour ne pas sombrer définitivement — et en dépit du talent exceptionnel de ses dirigeants. Même aux Etats-Unis, les top managers savent réclamer l’aide du Diable quand il le faut. Un diable, l’administration Obama, qui n’a pas hésité à dicter ses conditions pour que GM s’allie à PSA, en l’occurrence que l’entreprise française cesse de faire des affaires en Iran ! « Un lobby financier américain, United Against Nuclear Iran (« Unis contre un Iran nucléarisé »), nous a demandé de cesser nos activités en Iran », assure le porte-parole de PSA cité par Le Point. Avant d’ajouter : « C’est l’administration Obama (l’État fédéral possède 60% de GM) qui a imposé la rupture des relations avec l’Iran. »

Deuxième marché après la France
L’Iran, grande puissance régionale, pays jeune de près de 80 millions d’habitants et deuxième marché pour PSA après la France… Et que croyez-vous que PSA fit, en réponse à cette pression inadmissible d’un Etat, étranger qui plus est ? Elle s’y soumit de bonne grâce, mettant fin à sa collaboration avec la société Iran Khodro qui lui permit, pourtant, de détenir 30% de parts du marché iranien.
Comme quoi une entreprise hexagonale peut accepter de se laisser dicter sa conduite par un Etat, mais à une condition : qu’il ne soit pas français.