© La Slip français

 

Mardi 30 octobre, à l’occasion de l’émission L’Invité des matins, France Culture recevait le président de Petit Bateau. Au programme : la compétitivité, la fiscalité, l’innovation, le coût du travail, les 35 heures, les cotisations sociales, etc. Bref, ce chef d’entreprise était convié à livrer son point de vue sur le sort que la France réserve à ses entreprises. Passons sur ses arguments, sur les handicaps maintes fois répétés dont souffre l’Hexagone ; passons également sur les contre-arguments de ses contradicteurs, notamment sur ceux du journaliste d’Alternatives Economiques, qui formulait un diagnostic presque diamétralement opposé. Attardons nous en revanche sur un sujet à la mode : le made in France. A la question, au demeurant fort simple, « Qu’est-ce que votre entreprise fabrique encore en France ? », le président de Petit Bateau a parlé tricotage, teinture, confection, puis design, conception, puis valeur ajoutée, etc. Au final, il n’a pas répondu et il est toujours impossible de savoir si les vêtements de cette marque sont, oui ou non, made in France.
L’effectif de l’usine historique de Petit Bateau, implantée à Troyes, est le même aujourd’hui qu’en 1988. Il s’agit d’une vraie performance quand l’immense majorité des concurrents ont depuis longtemps liquidé leur site de production. Mais alors que seul un point de vente existait en 1978, environ 200 magasins ont depuis vu le jour dans l’Hexagone, et approximativement autant dans le monde. Et ce serait toujours la même usine, le même effectif, qui produirait pour tout ce petit monde ? Avec simplement, de temps en temps, un petit coup de main des usines que Petit Bateau possède en Tunisie et au Maroc…
Au cours de la même émission, le fondateur du Slip français a également été interviewé. Selon lui, il est possible de fabriquer en France et de vendre à des tarifs compétitifs, à condition de commercialiser exclusivement sur Internet pour limiter les coûts et les intermédiaires. Le Slip français crée ses modèles mais ne les fabrique pas, puisque leur production est assurée en Dordogne par Moulin Neuf Textiles. Prix du Slip français femme 100 % fabrication française, 26 euros ; prix de son équivalent Moulin Neuf Textile 100% made in France, environ 11,90 euros. Logique, puisque le premier achète au second, puis revend, le design cocorico en plus. Et combien pour une Petit Bateau ? 12 euros.
Si l’on en croit le journaliste de France Culture, qui s’est documenté avant l’émission, les sous-vêtements Petit Bateau sont vendus le triple de ceux de H&M, qui ne se cache pas d’importer de pays où la main-d’œuvre se contente de peu. Ce qui est tout à fait vrai, n’en déplaise Monsieur Petit Bateau… On comprend en tout cas que celui-ci ait tout intérêt à entretenir le flou quant à la l’origine de fabrication des produits de l’entreprise troyenne.