La France affiche toujours un des taux les plus faibles de propriétaires en Europe. L’objectif décrété il y a plusieurs années de faire de l’Hexagone un pays de propriétaire a fait long feu : aujourd’hui encore, un peu plus de la moitié seulement des Français possèdent leur résidence principale (58 %), contre une très forte majorité d’Européens (68,9%).
Est-ce grave Docteur ? Grave au point de devoir multiplier les dispositifs fort coûteux pour faciliter l’accès à la propriété (Robien, Scellier, PTZ, PTZ+, déduction des intérêts d’emprunt…) ? Ce faible taux est en effet préoccupant si on le compare avec ceux des meilleurs élèves de notre contient. Mais doit-on les avoir comme modèles ? Souhaite-t-on que la France égale la Roumanie (96 % de propriétaires), la Lituanie (89%) ou même l’Espagne (83 %) ? Le fait de posséder — ou tout au moins d’acheter, car jusqu’au dernier moment, c’est plutôt le prêteur, donc la banque, qui possède !— sa résidence principale est-il synonyme de bonne santé économique ? Bref, les Espagnols se portent-ils mieux que les Suisses, malheureux cancres de la classe européenne avec seulement 37,2 % de propriétaires ? Ou même que les Allemands (46 %), les Autrichiens (52 %) ou les Hollandais (56 %)* ? Coïncidence sans doute, mais difficile de ne pas voir de corrélation entre la mauvaise santé économique d’un pays et la proportion écrasante de propriétaires dans sa population. En outre, les conséquences de la montée en flèche des prix de l’immobilier a des effets délétères sur de nombreux secteurs de l’activité économique, donc sur la vie quotidienne de ceux qui paient un loyer pour se loger.
Dit autrement, les Françaises et les Français qui choisissent d’acheter leur logement à des tarifs déraisonnables font payer ce prix fort à l’ensemble des acteurs économiques du pays — exception faite bien sûr de tous ceux qui ont un intérêt direct à ce que les prix montent éternellement. Partout où les prix ont grimpé plus que de raison, ils sont fini pour redescendre, parfois violemment. Partout sauf en France. Faut-il s’en réjouir ou s’en plaindre ? Tout dépend bien sûr de quelle moitié de France on fait partie.

Chiffres Insee/ Eurostats 2007