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La centaine de personnes tuĂ©es lors du rĂ©cent incendie d’une usine textile au Bangladesh nous rappelle que les vĂªtements que nous portons ont pour beaucoup Ă©tĂ© fabriquĂ©s dans des conditions de travail et de sĂ©curitĂ© dĂ©plorables. Nombre de consommateurs s’en Ă©meuvent. D’autres s’en moquent au contraire, pourvu qu’il consomment. Mais que quelque produit chimique dangereux imprègne le tissu de les sacro-saintes fringues et ça ne va plus…
Greenpeace l’a bien compris, qui liste depuis plusieurs annĂ©es les substances toxiques contenues dans les vĂªtements, accessoires et chaussures, substances qui peuvent avoir des consĂ©quences dĂ©lĂ©tères tant sur l’organisme humain que sur l’environnement. Toutes ou presque les grandes marques internationales — Abercombie & Fitch, Adidas, Armani, Benetton, C&A, Calvin Klein, Converse, Diesel, Esprit, Gap, G-Star Raw, H&M, Kappa, Levi’s, Mango, Marks & Spencer, Nike, Puma, Ralph Lauren, Tommy Hilfiger, Uniqlo, Victoria Secrets, Zara, etc. — sont concernĂ©es. Distributeurs bon marchĂ© ou « marques-tendance-qu’il-faut-absolument-porter », mĂªme combat !
OĂ¹ tous ces produits sont-ils fabriquĂ©s ? Au Bangladesh justement, mais aussi en Chine, en Egypte, en Inde, en IndonĂ©sie, au Maroc, au Mexique, au Pakistan, en Turquie, au Vietnam ainsi que dans des pays inconnus (!). Et oĂ¹ sont-ils commercialisĂ©s ? Partout, en France y compris.
A la lecture de la liste de marques ci-dessus, on remarque des amĂ©ricaines, espagnoles, italiennes ou des hollandaises, mais pas de françaises. La première explication est que les Ă©chantillons achetĂ©s et testĂ©s par Greenpeace ne l’ont pas Ă©tĂ© en France. Les marques tricolores sont donc passĂ©es entre les mailles, d’autant que luxe mis Ă  part, elles sont moins mondialisĂ©es que d’autres. Une exception cependant avec Lacoste qui, cĂ©lèbre dans le monde entier, figure d’ailleurs parmi les marques incriminĂ©es. ParticularitĂ© du crocodile : Greenpeace n’est pas parvenue Ă  identifier le(s) pays de fabrication de ses polos. Le discours officiel de Lacoste Ă©tait il y a peu encore que les produits vendus en AmĂ©rique Ă©taient fabriquĂ©s en AmĂ©rique — du Sud —, ceux commercialisĂ©s en Asie Ă©taient produits en Asie et, par consĂ©quent, ceux achetĂ©s en Europe Ă©taient fabriquĂ©s sur la Vieux Continent, sous-entendu en France. Soit. Qu’en est-il alors des polos achetĂ©s en Espagne et en RĂ©publique tchèque qui contenaient des produits nocifs ? Ont-ils Ă©tĂ© fabriquĂ©s dans l’Hexagone en utilisant des combinaisons chimiques interdites, ou simplement manufacturĂ©s ailleurs, en contradiction avec le discours officiel ? Plus globalement, qu’aurait dĂ©couvert Greenpeace dans les manteaux, pantalons, t-shirts, chemises ou autres sous-vĂªtements commercialisĂ©s par des marques françaises si des tests avaient Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s en France ? Par exemple, qu’aurait rĂ©vĂ©lĂ© l’analyse poussĂ©e d’une veste coupe-vent demi-saison pour enfant (prĂ©sentĂ©e ici en version hiver 3 en 1), fabriquĂ©e au Bangladesh et vendue 120 euros* par Aigle, sachant que sur les 11 vĂªtements sortis des usines de ce pays et testĂ©s par Greenpeace, 8 contenaient des produits toxiques ?

* Le salaire moyen au Bangladesh atteint à peine 30 euros par mois, cela pour 10 à 16 heures de travail quotidien, six jours par semaine. Ce pays est désormais le deuxième exportateur mondial de produits textile.