D’un côté des lasagnes au cheval, de l’autre des batteries au lithium. Un donneur d’ordres, Findus, qui confie à d’autres le soin d’élaborer les plats cuisinés qu’il commercialise. Un autre, Boeing, qui externalise plus de 70 % de la fabrication de son nouvel avion. Dans le premier cas, le cheval a remplacé le bœuf parce qu’il est moins cher. Dans le deuxième, on n’a toujours pas découvert les causes de l’embrasement des batteries. Résultats : des tonnes de plats cuisines retirés de la vente ; des avions flambant neufs cloués au sol et des milliers de vols d’annulés. Lasagne ou jet, les maux sont les mêmes : libéralisation et mondialisation à outrance des échanges, multiplication des intermédiaires, sous-traitance systématique, recherche des coûts les plus bas, parcellisation du travail, importations à bas coûts, etc. Une étude menée par l’ONG Oceana prouve qu’en moyenne 30 % du poisson vendu aux Etats-Unis sont mal étiquetés. Un exemple : dans 84 % des cas, le thon blanc serait en fait de l’escolier, un poisson dont la consommation peut provoquer de graves troubles digestifs. Les contrôles sont paraît-il systématiques en Europe, ce qui nous prémunirait contre ce genre de mésaventures. Soit. La même Europe vient en revanche d’autoriser l’introduction des farines animales dans l’alimentation des poissons d’élevage, décision que les autorités françaises n’entendent pas appliquer. Mais comme 80 % du poisson consommé en France sont importés… En réponse aux dérives du modèle économique dominant, dont les exemples ci-dessus ne sont que quelques illustrations, des expériences locales de circuits courts sont menées. Elles sont encore marginales, mais patience : les tenants inconditionnels des échanges à tout-va et de l’autorégulation du marché travaillent, bien malgré eux, à leur multiplication.

 

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