Dessiner un avenir sans pétrole ni nucléaire, c’est ce à quoi s’attèle négaWatt depuis plusieurs années. NégaWatt est une association qui réunit entre autres une vingtaine d’experts « impliqués dans des activités professionnelles liées à l’énergie », désireux de prouver qu’il est tout à fait possible à la France d’assurer une existence confortable à ses habitants sans recourir aux énergies fossiles ni à l’uranium à l’horizon 2050. Autrement dit, demain.
Ces experts partent déjà du constat que la France, comme les autres pays de l’OCDE, consomment aujourd’hui moins d’énergie qu’hier. Une évolution structurelle, non conjoncturelle. Cette baisse de consommation rejoint d’ailleurs la tendance pressentie par négaWatt en 2003.
Pour confirmer et amplifier cette évolution salutaire, l’association préconise plusieurs pistes désormais classiques : rénover l’habitat pour diminuer sa consommation d’énergie ; promouvoir les moyens de transport collectif, les véhicules fonctionnant au biogaz et à l’électricité, la marche et le vélo, selon les besoins et les distances à parcourir ; diminuer de moitié de la consommation de viande pour faire baisser les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi pour améliorer la santé des Français ; toujours dans l’agriculture, développer la production de biogaz ; dans l’industrie, favoriser la fabrication de produits locaux, durables et réparables à la place des produits jetables commercialisés aujourd’hui. NégaWatt propose en outre de développer le Power to Gas, un procédé qui consiste à utiliser l’électricité d’origines solaire et éolienne pour produire de l’hydrogène, via une électrolyse de l’eau, puis de mélanger cet hydrogène à du CO2 pour en faire du méthane — autrement dit du gaz naturel — qu’il suffit ensuite d’injecter dans le réseau de gaz existant. Le problème de l’intermittence du vent ou du soleil est alors en grande partie réglé, d’autant que les batteries de nouvelles générations permettent elles aussi de stocker l’énergie produite pour l’utiliser une fois le soleil couché ou le vent tombé.
En plus de diminuer l’émission de particules fines et de gaz à effet de serre, ce qui est à la fois bon pour le climat et pour la santé, ce scénario permet de générer d’importantes économies puisqu’il sera alors quasiment inutile d’importer pétrole, gaz et uranium. La création de centaines de milliers d’emplois sera également nécessaire, notamment pour pouvoir mener à bien la rénovation thermique de l’habitat. Enfin, la dernière centrale nucléaire fermant définitivement en 2035, les risques inhérents à l’exploitation de telles installations disparaîtront également.
Ne reste plus qu’à convaincre certains politiques, certains industriels, du nucléaire notamment, des scientifiques et une grande partie de la population française. Vaste programme… Mais qui sait, même les plus rétifs au changement — de modèle, de technologie, d’habitudes —, finissent toujours par s’y convertir. Ils ont juste besoin de plus de temps.

Association négaWatt, réussir la transition énergétique