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Le déficit commercial français s’est à nouveau creusé au cours de l’année passée, pour s’établir à 48,1 milliards d’euros. De son côté, l’Allemagne a accumulé un excédent de 234 milliards d’euros.
Un journaliste des Echos précise à la fin de son article que « les mesures du gouvernement ont permis de modérer le coût du travail, mais (qu’)elles n’ont donc pas à elles seules suffi à redresser la barre. Le prochain exécutif est prévenu. » En clair, si ça va mal, c’est parce que les pouvoirs publics n’ont pas fait assez. Il est pourtant précisé dans ce même article que la hausse du coût du travail a été plus modérée en France qu’ailleurs depuis 2012 : 4,8 %, contre 9,2% en Allemagne ou 7,3 en moyenne dans la zone euro.
Pourquoi ne jamais mentionner les autres responsables potentiels de ces mauvais chiffres, c’est-à-dire les entreprises et les consommateurs ?
Toujours selon ce même article, trois secteurs ont contribué au creusement du déficit : l’automobile, l’aéronautique et l’agriculture. Prenons l’automobile : parmi les dix voitures les plus vendues en 2016, toutes sont françaises — ou assimilées dans le cas des Dacia. Problème, seules trois parmi elles — les Peugeot 308, 2008 et l’ancienne Citroën C3 (la nouvelle est désormais fabriquée en Slovaquie) —, et une partie des Renault Clio sont assemblées en France. Tous les autres modèles sont importés d’Espagne ou d’Europe de l’Est (Slovaquie et Slovénie). Autrement dit, même en achetant français, les automobilistes creusent le déficit commercial de l’Hexagone.
Autres problèmes : les constructeurs tricolores ont choisi de délocaliser la fabrication des petits et moyens véhicules, pour ne conserver en France que celle des plus gros. On peut remarquer que les Japonais produisent quant à eux deux petits véhicules en France, la Toyota Yaris depuis de nombreuses années et désormais le nouvelle Nissan Micra.
Malheureusement, les consommateurs les plus aisés, qui pourraient acheter les « grosses » autos made in France, préfèrent s’offrir de « belles allemandes ». Ce qui creuse là aussi le déficit commercial du pays, tout en augmentant l’excédent de nos voisins d’outre-Rhin.
Ces mêmes consommateurs se décideraient-ils à acheter une Peugeot ou une Renault à la place d’une Audi ou d’une BMW, voire d’une Range Rover ou d’une Mini, si les charges pesant sur les entreprises françaises baissaient demain ? Peu probable. De deux choses l’une : soit ces acheteurs aisés achètent allemand par principe, parce que quand on est aisé, on se doit de rouler allemand ; soit ils font ce choix parce que les voitures françaises ne leur plaisent pas, auquel cas ce sont les constructeurs tricolores qui sont responsables.
Mais dans un cas comme dans l’autre, un gouvernement, même pro-business et anti-charges, n’y changerait rien.

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