© Flixbus

Une première ligne longue distance 100 % électrique ! C’est ce qu’a annoncé l’autocariste allemand Flixbus, qui compte prochainement électrifier sa liaison Paris-Amiens. Certes cette « longue distance » est encore modeste —150 kilomètres —, mais il s’agit néanmoins d’une première. L’autocar sélectionné pour ce voyage silencieux et sans gaz d’échappement est le Youtong ICE 12, un véhicule d’origine chinoise.
Côté transport de marchandises, Renault Trucks va commercialiser des camions eux aussi électriques à partir de 2019. Ils seront assemblés en Normandie, dans l’usine de Blainville-sur-Orne. Le propriétaire du constructeur français, le groupe Volvo, a également révélé que ses propres camions électriques seront également fabriqués en Normandie. Après les expériences et les tests menés dans nombre de villes françaises, ces deux informations sont des illustrations supplémentaires de la montée en puissance progressive de l’électricité sur l’ensemble du transport routier.
Il est probable que la première concrétisation à grande échelle de cette conversion à l’électricité sera parisienne, la RATP s’apprêtant à remplacer tous ses bus diesel par des bus « propres », électriques pour l’essentiel. Les Chinois Youtong et Byd, le Polonais Polaris, l’Espagnol Irizar et les Français HeuliezBus, Alstom et Blue Solutions (groupe Bolloré) sont candidats pour fournir leurs véhicules à la RATP. Parmi ces constructeurs, HeuliezBus, Alstom, Blue Solutions ainsi que Youtong et Byd assembleront leurs modèles en France.
Concernant batteries, le cœur de tout véhicule électrique, trois acteurs tricolores sont également sur les rangs.
Le premier, Bastcap, équipe les bus Blue Solutions avec des batteries de technologie LMP (lithium Métal Polymère), comme celles qui sont embarquées dans les Autolib. Fabriquées en Bretagne et au Québec, elles sont à ce jour uniquement produites et utilisées par le groupe Bolloré.

© RATP

C’est Forsee Power qui fournira à elle ses batteries à HeuliezBus. Cette entreprise francilienne, en très forte croissance, a récemment décidé de construire une nouvelle usine d’assemblage de batteries — les cellules sont importées d’Asie — près de Poitiers, où travailleront à terme 300 personnes. Saft enfin fournira ses batterie à Yutong. Ce fabricant français, qui fête cette année ses cent ans — et qui appartient désormais au groupe Total —, a récemment lancé une alliance avec le Belge Solvay et les Allemands Siemens et Manz pour mener un programme de recherche, de développement et d’industrialisation de batteries en Europe. Avec le développement prochain des transports électriques, il s’agit en effet pour les industriels européens de prendre position sur un marché à ce jour totalement dominé par les Coréens LG et Samsung, les Japonais Panasonic et Nec ou encore le Chinois CATL.
Reste une autre question, tout sauf anodine : que fera-t-on demain de toutes ces batteries quand elles seront hors d’usage ? Un petit acteur français, la Snam, a une idée très précise sur la question : il faut les recycler. Cette entreprise est devenue en quelques année un acteur majeur du recyclage, grâce notamment à des partenariats signés avec de grands constructeurs automobiles — PSA, BMW, Volkswagen, Toyota, Honda… Aujourd’hui, la Snam veut aller plus loin avec le Phénix, dont . Avec cet ambitieux projet, il s’agit ni plus ni moins, à partir des éléments récupérés, que de fabriquer des batteries neuves. Elles ne seront pas, comme elles l’étaient initialement, destinées à la mobilité, mais au stockage d’énergie. La Snam entend d’abord s’attaquer au marché de l’habitat ou des activités isolées, puis à celui des parcs de production d’énergies renouvelables, et enfin à l’industrie et aux gros consommateurs d’électricité. Pour respecter ce plan de développement, la construction d’une nouvelle usine a été actée, ainsi que le recrutement de 650 personnes d’ici à 2024.
Construction de véhicules électriques et hybrides, fabrication et recyclage de batteries, stockage de l’énergie produite par les sources renouvelables… Assisterait-on à la naissance d’une nouvelle filière industrielle tricolore ?

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