Kangoo ZE H2 équipée par Symbio. Elle ne produit aucun polluant, juste de l’eau. © Symbio

Même si c’est encore dans l’ombre, nombre d’entreprises et de laboratoires consacrent temps et énergie à faire émerger l’hydrogène comme une solution crédible et fiable pour remplacer les énergies fossiles. Une question on ne peut plus d’actualité, alors que la France et cinq autres Etats sont poursuivis par la Cour de justice européenne pour non-respect des taux maximaux de pollution fixés par la Commission.
Les avantages de l’hydrogène sont en effet nombreux, qui permettent de régler certains des problèmes qui se posent aujourd’hui aux autorités. Tout d’abord, un véhicule électrique équipé d’une pile à l’hydrogène n’émet aucun polluant, que de la vapeur d’eau. Ensuite, il peut parcourir deux fois plus de kilomètres qu’un modèle équivalent équipé de batteries, lourdes et coûteuses. Qui plus est, cinq minutes suffisent pour faire « un plein » avant de pouvoir reprendre la route. Enfin, l’hydrogène permet aussi de stocker, durablement, l’électricité produite de façon intermittente par les éoliennes ou les panneaux solaires. D’accord pour la théorie, mais qu’en est-il de la pratique ?
Symbio, une PME française dont Michelin, Engie et le CEA sont actionnaires, commercialise des kits hydrogène installables dans tout type de véhicules. L’entreprise a ainsi déjà livré 250 Renault Kangoo ZE H2 à des collectivités locales, à des spécialistes de la livraison, voire à des pompiers, en France et en Europe. Ces professionnels, gros consommateurs de gazole, sont la cible privilégiée de Symbio, car contrairement aux particuliers qui en ville peuvent prendre les transports en commun, marcher ou sortir leur vélo, ces professionnels n’ont d’autre option que d’utiliser leur fourgonnette ou leur camion. Le transport public est également un marché potentiel important pour l’hydrogène : les bus du constructeur belge Van Hool circuleront ainsi dès l’année prochaine à Pau, tandis que six modèles du « petit albigeois » Safra transporteront, proprement, les passagers de l’agglomération lensoise. C’est en Allemagne en revanche qu’ont été commandés les premières rames du Coradia iLint, le train à hydrogène conçu et fabriqué par Alstom.

Grâce à la technologie de stockage à l’hydrogène développée par Powidian, les endroits même les plus isolés peuvent être autonomes en électricité. © Powidian

Tous ces véhicules ne rejetant que de l’eau, pas étonnant de voir également des bateaux se convertir à l’hydrogène, à l’image du Jules-Verne 2, la toute première navette fluviale à hydrogène à naviguer en France. Equipée de la technologie développée par Symbio, elle sillonne l’Erdre et promènent paisiblement les Nantais, sans bruit ni pollution. A l’opposé des transports de passagers, la société GreenGT développe des voitures de course elles aussi alimentées à l’hydrogène. Il s’agit cette fois de pousser la technologie dans ses derniers retranchements et de tester tout son potentiel.
Avec Symbio, Michelin, Engie, mais aussi Air Liquide, McPhy ou encore Powidian, l’Hexagone dispose d’entreprises à même de développer une filière hydrogène complète. A condition bien sûr que les pouvoirs publiques les accompagnent. Outre les avantages environnementaux, elle permettrait aussi de diminuer la dépendance de l’Hexagone — et plus globalement de l’Europe — vis-à-vis des fournisseurs asiatiques de batteries. Même si pour l’hydrogène, le Japon, la Corée et la Chine ont semble-t-il aussi une longueur d’avance…

.