lip-et-routine-montres-made-in-france© Lip/Routine

Symbole d’une — encore timide, mais réelle — renaissance de l’horlogerie bisontine, Lip a l’insigne honneur de fabriquer la montre de la boutique de l’Elysée ! La marque et une quinzaine d’autres entreprises tricolores ont en effet été sélectionnées pour fabriquer les souvenirs made in France qui garnissent les rayons de la boutique, qu’il s’agisse de t-shirts « croquignolesque » ou à la « poudre de perlimpinpin », de sweat-shirts, de carnets de notes et de crayons de couleurs, de sacs en coton, de macarons — Pierre Hermé ! —, ou encore de bijoux. Tous les bénéfices réalisés grâce à la vente de ces produits locaux seront intégralement consacrés à la restauration du palais de l’Elysée, dont la construction a débuté il y a tout juste trois siècles. Un monument qu’il est possible de visiter ce week-end (15 et 16 septembre) à l’occasion des Journées du Patrimoine.
La montre commercialisée par l’Elysée est un modèle Lip historique, à savoir une Dauphine créée en 1957, soit à la veille de la fondation de la Ve République. Personnalisée pour l’occasion — sceau de la Présidence de la république, bracelet en tissu tricolore —, elle est équipée d’un mouvement quartz fourni par le Suisse Ronda. D’autres modèles de la marque (l’Himalaya notamment ) sont quant à eux animés par un « cœur » Isa France, assemblé de ce côté-ci de la frontière.
Ce sont également des mouvements IsaFrance, d’origine suisse mais assemblés en France, que l’on retrouve dans les boîtiers des montres Routine, une toute nouvelle marque dont le lancement, via un financement participatif, est imminent. Selon le jeune fondateur de la marque, 86 % des composants des deux premiers modèles — Originale et Radar — sont fabriqués en Franche-Comté, dans le Doubs et le Jura. Les premiers modèles sont disponibles à la commande depuis une dizaine de jours. Résultat : alors que l’objectif initial était de vendre 100 modèles, plus de 350 montres ont déjà été commandées. Et il reste à 28 jours de la campagne !

Semper&Adhuc, montres à l'ancienne fabriquées en France

© Semper & Adhuc

C’est également grâce au financement participatif que Semper & Adhuc entend investir prochainement le marché de l’horlogerie hexagonale. Ce point commun mis à part, les démarches des fondateurs de Semper & Adhuc et de Routine diffèrent sensiblement. Si celui-ci sous-traite l’assemblage de ses montres à un atelier — NovoParts en l’occurrence —, celui-là compte le prendre en charge lui-même. Pour ce faire, la production sera volontairement limitée à 150 montres par an. Implantée à Bordeaux, Semper & Adhuc s’est entourée de fournisseurs locaux — boîtier, couronne, bracelet —, où opérant à peine plus loin, dans le Sud-Est pour la glace saphir et dans le Jura pour les aiguilles et le cadran. Autre différence essentielle entre les deux jeunes pousses, le mécanisme embarqué. Semper & Adhuc mise en effet sur d’anciens calibres suisses, datant des années 1930-1960, pour faire vivre ses trois premiers modèles. Glanés ici et là et restaurés au cours des deux années passées, ces mouvements mécaniques à remontage manuel sont une passerelle, un trait d’union entre l’horlogerie d’hier et celle d’aujourd’hui. Le nom Semper & Adhuc, expression latine qui signifie « depuis toujours et jusqu’ici », ne doit en effet rien au hasard…
Les trois premières créations de la marque, baptisées Immédiate, Instantanée et Inopinée, sont destinées à public averti, prêt à investir plus de 1 000 euros dans une montre originale, rare, fabriquée en quantité limitée. Même si ce tarif reste très inférieur à ceux affichés sur les productions Swiss Made des grands noms de l’horlogerie, les Lip — même présidentielles — et Routine sont accessibles à un plus large public. Que ce choix existe désormais est révélateur d’une vitalité que l’horlogerie française avait depuis longtemps perdu.

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