Les services Achats des entreprises françaises sont tout sauf étrangères à la désindustrialisation de l’Hexagone…

Les services achat des entreprises se convertiraient au made in France ! C’est en tout cas ce que laisse entendre une récente enquête menée par le cabinet AgileBuyer et relayée par les quotidien Les Echos.
Les acheteur professionnels, autrement dit ceux dont le métier est d’acheter à d’autres entreprises pour le compte de la leur, étaient en effet 53 % à considérer le made in France ou l’achat local comme critère de décision en 2018, contre seulement 31 % en 2017 et 16% en 2016. Jolie progression alors que privilégier les fournisseurs locaux était encore il y a peu une « préoccupation ringarde » pour une majorité d’acheteurs B to B. Si l’on se souvient en outre que ce sont eux qui, les premiers, ont délaissé le marché national pour s’approvisionner moins cher ailleurs et lancer ainsi les grandes vagues de délocalisations et de désindustrialisation de l’Hexagone, c’est un revirement spectaculaire.
Pour autant, les entreprises privées françaises* se convertissent elles au made in France pour des raisons sociales, éthiques ou environnementales ? S’agit-il pour leurs services Achats de faire preuve de solidarité avec les sous-traitants français ? Pas franchement : il s’agit avant tout de rééquilibrer des relations que sont parfois devenues trop favorables aux fournisseurs étrangers. Certains parmi eux ont en effet pris une telle importance qu’ils imposent leurs décisions et leurs prix aux acheteurs français. Qui n’ont désormais, au mieux, plus aucune latitude de négociation, au pis sont mis devant le fait accompli. En fait, ces sous-traitants se comportent en quelque sorte comme les acheteurs français le faisaient il y a plusieurs dizaines d’années vis-à-vis de leurs fournisseurs tricolores, lorsqu’ils leur imposaient des prix d’achat toujours plus bas. Très désagréable… Et puis l’Asie est de moins en moins intéressante en termes de coûts tandis que les guerres commerciales qui sévissent ici et là compliquent les affaires et les approvisionnements.
Bref, si le B to B se change son fusil d’épaule ce n’est pas par grandeur d’âme, mais parce qu’il y est contraint. Mais mieux vaut mettre en avant des considérations de qualité de produits ou de services, de proximité et de protection de l’environnement que de l’avouer, la tête basse.
Quant aux fournisseurs capables de répondre aujourd’hui à leurs besoins, ils ont malheureusement pour beaucoup depuis longtemps disparu. Faute d’acheteurs.

* Les entreprises publiques, qui ne sont pas les dernières à « acheter ailleurs », sont contraintes de lancer des appels d’offre européens et ne peuvent pas privilégier des fournisseurs français.