Les délocalisations par les grands groupes ont provoqué des fermetures d’usine, la baisse des exportations et, partant, la hausse des importations.

Une récente étude du Centre de recherche et d’expertise sur l ‘économie mondiale, le CEPII, met en lumière la responsabilité des multinationales françaises dans le déficit commercial récurrent du pays. La majorité de ces fameux champions nationaux ont en effet très largement délocalisé leurs activités de production, creusant du même coup le déficit de la balance commerciale française. En choisissant de produire ailleurs, ils privilégient en effet l’importation à l’exportation. L’exemple de l’industrie automobile est à cette égard on ne peut plus éclairant : tous les modèles les plus vendus en France, à l’exception du Peugeot 3008, sont désormais fabriqués ailleurs. Résultat : alors qu’ils contribuaient hier à l’équilibre, voire à l’excédent du commerce extérieur français, ils participent aujourd’hui grandement à son déficit. Selon cette même étude, les produits made in France ne seraient pourtant ni plus chers que les autres, ni de moins bonne qualité, ni plus mal positionnés sur le marché. Comme explication, les auteurs évoquent la fuite devant les taxes et l’impôt, mais ils précisent cependant qu’il faudrait mener des travaux complémentaires pour évaluer le poids réel de cette « excuse ». Pourquoi alors les grosses sociétés françaises ont-elles fait le choix de produire ailleurs ? Le CEPII nous apprend par exemple que si les multinationales italiennes employaient 1,8 million de personnes à l’étranger en 2014, les françaises en faisaient travailler 6 millions. Même leurs concurrentes d’outre-Rhin ne comptaient « que » 5 millions de salariés à l’étranger, alors que le PIB de l’Allemagne est désormais de 50 % supérieur au français.
Sans doute une comparaison avec les grands groupes anglo-américains, initiateurs et promoteurs de la division mondiale du travail, aurait-elle mené à des conclusions bien différentes. Sans doute aussi la fascination des managers et apprentis-managers* français pour leurs homologues qui « parlent anglais » n’est-elle pas étrangère à leur goût particulier pour les délocalisations. Ou plus exactement pour les carrières internationales, les aéroports, les hôtels de luxe… Bref pour la vie d’un business man ou d’une business woman telles qu’ils est vantée dans les innombrables productions hollywoodiennes?

* Cf. l’interview d’un grand patron français, menée dans un anglais parfois approximatif par deux élèves françaises d’une grande Business School française, devant un public lui aussi français.